Le ciel

Ma mère m’avait dit que le ciel était de la même couleur partout dans le monde.
Ce soir, en rentrant, j’ai regardé ce plafond bleu et j’ai constaté que oui — c’est bien la même couleur.

Mais parfois, je sens que non. Ce n’est pas le même ciel. Pas celui sous lequel j’ai attrapé mon lézard. Ni celui sous lequel j’ai vécu l’instant le plus calme et détendu de ma vie : allongé sur la terrasse de chez moi à Chiraz, un soir d’été, à regarder deux chatons jouer ensemble.

Sous ce même ciel, sur cette même terrasse, j’ai aussi connu l’instant le plus poétique de ma vie :
ma fiancée de l’époque m’avait montré du doigt « son étoile ».

Je les ai perdues. Et elle. Et son étoile.

Parmi les rares véritables universalités humaines, il y a cette pulsion de penser à chez soi, là où l’on est né, où l’on a grandi —
et ce fantasme obstiné du retour, illustré dans cette chanson folklorique de Chiraz :

Je suis un oiseau blanc à l’aile cassée.
Ô ciel, aide-moi à voler, pour que je puisse mourir devant la porte de Chiraz.

Je suis persuadé qu’en Gruyère, il existe l’équivalent de ces mots, dans un vieux patois.
Et qu’un Gruérien, quelque part de l’autre côté du monde, pense à sa région, à ses premiers amis, à ses premiers flirts, à la maison de son enfance…
et, tous les jours, à sa maman.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *