Voici un nom que l’oubli de la démence ne pourra effacer.
Il est gravé comme dans le marbre.
C’est le premier nom que j’ai connu comme interne en psychiatrie.
Mon premier chef de service — dont le souvenir me donne encore aujourd’hui un sentiment de bien-être.
Six mois d’internat sous sa surveillance m’ont appris qu’on peut être à la fois médecin et humaniste.
Que la barrière entre médecin et malade n’est pas un mur. Et que la psychiatrie est aussi un art.
Rappelle-toi, Hamid, sa tolérance, sa bienveillance.
N’oublie pas ce jour où l’un des patients les plus difficiles s’est approché de lui :
— Je peux vous appeler Patrick ?
— Pourquoi pas.
Et le lendemain :
— Je peux vous faire la bise ?
— Pourquoi pas.
Rappelle-toi, Hamid, qu’il ne t’a jamais mal parlé.
Même en voyant ton incompétence du début, ta grande difficulté linguistique, et le fossé culturel immense en “débarquant” d’Iran.
Garde ce nom.
Suis son enseignement.
Et continue à te dire, à chaque réussite :
« Chaltiel aurait été fier de moi, s’il avait été là. »
Et ne culpabilise pas de ne pas lui avoir dit, en face, toute ta reconnaissance.
Pour ton père, c’était la même chose.
Tu n’as jamais pu lui rendre hommage de son vivant.
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