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  • Je pense à mes fleurs

    J’étais jeune, amoureux et romantique. Puis la vie m’est tombée dessus, comme un éclair dans un ciel serein.

    Je regarde derrière moi et je vois un quart de siècle passé dans ce que je peux appeler la vie d’un père, d’un mari, d’un bon médecin. Une vie qui ne fait que s’intensifier.

    Mais depuis quelques mois, une lumière est revenue. J’ai repris l’écriture, et ce matin, je me suis rappelé un passage d’un poème que j’avais composé dans mon premier quart de siècle :

    Et je pense à mes fleurs,
    Que l’automne
    Ne pourra jamais faner.
    Elles ont cédé leur vie
    À la sécheresse printanière.

    Je n’ai pas de souvenir du reste, ni d’avant, ni d’après ce passage. Peut-être était-ce déjà une prophétie de ce quart de siècle que j’allais traverser.

  • Menace existentielle

    Dois-je me convaincre des discours de Netanyahu ? J’y pense tous les jours sans réussir à décider.

    Je reformule ces discours sans trop les changer :

    1. « L’Iran est la cause de la misère de notre peuple. Si l’on ne se débarrasse pas de ce régime, la nation israélienne est vouée à la destruction. »
    2. « Nous, nation israélienne, avons devant nous un choix : reconquérir notre liberté ou périr. Il s’agit d’une question d’existence ou d’anéantissement. »
    3. « La lutte que nous menons n’est pas une simple bataille politique. C’est une lutte pour l’existence même de notre peuple. Si nous perdons, Israël disparaîtra. »

    Je me demande encore et encore. Peut-être qu’ils ont raison d’exterminer les Palestiniens. Peut-être qu’ils ont raison de vouloir se méfier de l’Iran.

    Et en avançant dans mes pensées, j’arrive à Poutine, qui attaque l’Ukraine au nom d’une prétendue menace existentielle pour la Russie. Je remonte plus loin dans l’histoire, et je me souviens de Saddam Hussein qui a attaqué mon pays pour la même raison.

    Mon esprit voyage encore plus loin, jusqu’aux nazis, et y entend le même discours de « menace existentielle ».

    Je termine cet article par un aveu : pour reformuler les discours de Netanyahu, j’ai utilisé des phrases tirées de Mein Kampf, en remplaçant l’Allemagne par Israël, et les Juifs par l’Iran.

  • Caricaturistes en caricature

    Je suis tombé sur la couverture de Charlie Hebdo : trois mollahs en turban.

    Je fixe leurs visages et je vois de grandes barbes tombant sur la poitrine, des turbans énormes, des nez proéminents et des vêtements noirs, amples.

    Et ma réaction, c’est : mais ce sont exactement les traits qu’on voyait dans les caricatures antisémites, surtout sous l’époque nazie.

    À ce type d’artiste, je dis : “Sale race toi-même, puisque c’est ton langage.”

    Pourquoi je me permets de dire ça ? Voici mes raisons :

    • À l’époque nazie, on voulait nous convaincre que les juifs formaient une “sale race.” Aujourd’hui, c’est la même mécanique contre les musulmans.
    • Ces caricaturistes me semblent incroyablement paresseux : toujours les mêmes traits exagérés, sans regarder la réalité des visages ni la diversité des gens. Mais allez apprendre autre chose que la provocation sans goût artistique.
    • Ils ne voient même pas la diversité au sein d’Israël : là-bas, tous ne ressemblent pas à l’image qu’Hitler se faisait des juifs — “orientaux”, barbus, mystérieux. Alors par pitié, ne recyclez pas ces clichés, et surtout, ne les appliquez pas aux musulmans.

    Ça me met en colère de voir l’Histoire se répéter dans le trait d’un crayon. Et j’aimerais qu’on évite une nouvelle catastrophe en se souvenant d’une chose : dans Mein Kampf, Hitler raconte qu’au début, il ne croyait pas que les juifs formaient un danger, mais qu’il a “ouvert les yeux” après avoir vu partout les mêmes images, les mêmes clichés. Qu’on le croie ou non, cela montre bien à quel point la répétition des caricatures et des stéréotypes peut finir par transformer une simple opinion en certitude fanatique. Et c’est ce qui me fait peur quand je vois aujourd’hui ces mêmes codes graphiques recyclés contre les musulmans.

  • Des illusions.

    J’étais sur l’autoroute quand un nuage a attiré mon attention. Il ressemblait à une jolie femme avec un chapeau. Je voyais son visage de profil. J’ai mis un peu de temps à me ranger pour prendre une photo. En quelques minutes, le nuage avait un peu changé. Sur la photo, on peut encore le voir, mais ce n’est pas très net. Il faut bien regarder.

    Ça m’a fait penser à la Révolution. Même si j’étais jeune à l’époque, je sentais bien qu’il se passait quelque chose chaque jour, et j’avais l’impression que ces moments resteraient dans l’histoire. Un matin, je me suis réveillé et tout le monde parlait de la veille où l’image de Khomeiny allait être visible dans la lune. Les gens étaient sortis pour scruter le ciel. Les révolutionnaires avaient vu Khomeiny, et les autres, que les formes habituelles.
    Plus tard dans la journée on savait que c’était une manipulation de masse.

    Des années ont passé, et plus rien n’est comme avant. Ni les miracles, ni les jeux politiques ou sociaux.

    Aujourd’hui, plus personne ne croirait qu’on puisse voir l’image de quelqu’un dans la lune. Mais manipuler un peuple reste très facile.

    Il suffit de dire : « Peuple d’Iran, regardez cette photo et cette vidéo à la télévision. Voilà la marionnette qu’on veut vous amener, et quand elle sera là, elle vous apportera le paradis. » Et malheureusement, beaucoup de gens croient encore à cette supercherie.

    Pour ma part, je pense qu’Israël est tellement sale et criminel que même si ses dirigeants apportaient le meilleur pour l’Iran, je ne l’accepterais pas.

    Si vous voulez voir Khomeiny dans la lune, libre à vous. Si vous préférez regarder Reza Pahlavi à la télévision israélienne, faites-le aussi. Mais moi, je ne crois qu’en cette image que j’ai vue dans le ciel.

  • Où cours-tu ?

    Je pense à Chafii Kadkani, le poète iranien qui imagine une discussion entre l’astragale, la plante des steppes, et le vent.

    — Où vas-tu avec cette hâte ? demande la plante.
    — Mon cœur est à l’étroit ici, répond le vent. Je vais où ce n’est pas ici. Veux-tu m’accompagner, fuir la poussière de ce désert ?
    — C’est tout mon désir. Mais j’ai les pieds attachés, les pas entravés. Je te conjure pourtant, au nom de l’amitié : quand tu auras quitté cette steppe d’épouvante, porte mes salutations aux fleurs et à la pluie.

    Je me suis souvent senti comme ce vent, léger et mobile ; mais en regardant derrière moi, je vois un astragale déraciné, transplanté ailleurs, encore et encore. Les déplacements d’une plante ne sont pas sans conséquence. À chaque mouvement, une partie du corps et de l’âme reste sur place. Tu te déchires, tu te sens dénaturé, et tu as le dos brisé.

    Et pourtant, mes pensées ne cessent de revenir à ma mère. Elle est à Chiraz. Fatiguée, mais debout comme un arbre. Un arbre qui a peut-être reçu le dernier coup de sa vie. Les bombardements de cet ennemi de l’humanité. Ce régime génocidaire. Tueur d’enfants et de vieillards.

  • A mon ami Isac

    Non, mon ami. Je ne suis pas sous influence des algorithmes informatiques dans les médias. Ce qui se passe en Palestine est une tragédie bien réelle.

    Les chiffres de l’UNICEF sont clairs : plus de 14 000 enfants ont été tués en Palestine, davantage que le nombre d’enfants tués dans quatre ans de guerres cumulées dans le reste du monde.

    Israël utilise bel et bien la faim comme arme de guerre.

    Ne réduis pas tout à l’attaque du 7 octobre pour justifier cette violence. Cette barbarie ne date pas du 7 octobre : chaque colonie établie par Israël en terre palestinienne représente une violation du droit international.

    Avant de critiquer la foi des musulmans, interroge-toi sur ce que dit ta propre bible. Et surtout, rejoins la majorité des Juifs sensibles à la souffrance humaine.

    Sache que même au cœur d’Israël, des “justes” tentent de sauver des vies et de dénoncer les crimes commis. Regarde le travail de B’Tselem.

  • Un parallèle

    Sur la couverture du Time Magazine, aujourd’hui, le visage fatigué de Netanyahu me rappelle celui d’un autre homme qui y figurait autrefois : Hitler, désigné “homme de l’année” en 1938.

    À cette époque, les grandes puissances détournaient les yeux. Aujourd’hui, elles applaudissent.

    Le parallèle est troublant :

    • Hitler, chantre de la “race supérieure” ; Netanyahu, porte-parole du “peuple élu”.
    • Le premier revendiquait un “Lebensraum” — un espace vital à prendre aux voisins ; le second, la “terre promise”, à reconquérir au prix du sang.
    • Hitler parlait de “vermine”, Netanyahu de “terroristes”.
    • L’un et l’autre légitiment la destruction de ceux qui n’ont pas leur place dans leur vision du monde.

    Hitler a été stoppé, trop tard. Il s’est suicidé dans son bunker. Quant à Netanyahu… l’histoire tranchera.

    Le Time montre aujourd’hui un homme épuisé. Puissent ses rêves de domination finir comme ceux de son prédécesseur : dans les poubelles de l’Histoire.

  • Le serpent et le scorpion

    La guerre est finie… du moins pour l’instant.

    Dans la rhétorique israélienne, le mot serpent revenait sans cesse.
    Il s’agissait de « couper la tête du serpent », de renverser un régime, et même — dit-on — une marionnette était prête à gouverner mon pays.

    Mais ce que j’ai vu, moi, c’est un scorpion qui sortait de sa niche pour piquer.
    Et les Iraniens connaissent bien ce proverbe :

    “Le scorpion ne pique pas par méchanceté. Il pique parce que c’est sa nature.”

    Je n’arrête pas d’y penser : le scorpion est toujours vivant, il a son venin, et il attend.

    Est-ce la nature de l’État d’Israël de piquer — comme le fait un scorpion ?
    Je le crois. Et j’ai mes raisons pour cette métaphore.

    Un État qui refuse de définir ses frontières.
    Un peuple qui se pense « élu ».
    Une culture fondée sur une « terre promise ».
    Un récit originel où l’anéantissement de peuples entiers est justifié pour prendre leur place…

    Ce sont là des faits, et ce sont eux qui me poussent à penser qu’Israël attaquera, tôt ou tard.
    Comme un scorpion.

    Mais je trouve du réconfort dans la voix de ceux — même au cœur d’Israël — qui refusent cette nature, qui résistent à cette logique de piqûre.

  • La stupidité moderne

    En parlant de la foi en la justice — et du fait que cette croyance peut être pervertie au service de la stupidité — Serge Ciccotti écrit, dans La psychologie de la connerie :

    « Les pires abrutis illustrent bien comment cette croyance peut être détournée, par exemple lorsqu’ils disent des choses comme :
    « C’est vrai, elle a été violée, mais t’as vu comment elle était habillée ? »
    »

    Prenez cette phrase comme modèle.
    Puis imaginez la même structure mentale, la même logique absurde, dans des discours devenus tristement courants des amis d’Israël:

    • « C’est vrai que le génocide est condamnable… mais avez-vous vu ce qu’ils avaient fait, avant ? »
    • « C’est vrai que figurer parmi les pires pays en matière de violences contre les enfants est grave… mais vous voyez, il faut replacer ça dans le contexte. »
    • « C’est vrai que la colonisation de territoires occupés est un crime de guerre… mais avez-vous vu comment eux les ont attaqués ? »

    Aujourd’hui, nous sommes cernés par ces discours tordus — rationnels en apparence, ignobles dans leur fond — énoncés avec un calme clinique, un air d’intellectualisme, parfois même un sourire supérieur.
    Et c’est cette banalisation-là, cette rhétorique glacée, qui rend la stupidité encore plus dangereuse.

  • Rahab ou la dignité?

    Accepte les faits !
    Après avoir dévasté la Palestine, Israël attaque l’Iran, et celui-ci riposte. Qui est le plus fort ? C’est évident : le premier.
    Arrête tes réflexions et oublie le passé.

    C’est vrai qu’Israël aurait pu être créé à Madagascar. Les massacres auraient pu avoir lieu là-bas.
    Israël aurait pu naître en Argentine. Il n’y aurait peut-être pas eu de tueries, parce qu’il y a assez de place pour tout le monde.

    Accepte qu’ils ont la promesse de leur dieu pour cette terre, et que quiconque résiste à leur volonté sera anéanti.

    Prends le modèle de Rahab, la prostituée de Jéricho, et sauve ta famille.
    Comme elle, dis-leur que tu as vu comment leur dieu a ouvert la mer à leur passage et exterminé leurs ennemis.

    Reste chez toi !

    :::
    Ou bien, garde ta dignité : porte le foulard de Palestine dans l’espoir que le monde se réveille.