L’âme de ma Citroën

J’avais une Citroën qui me manque encore aujourd’hui. Elle a longtemps été ma compagne de route — dès mon premier voyage vers le canton de Fribourg, en 2012, pour un entretien d’embauche.
Elle était encore assez jeune, et moi aussi.

Comme psychiatre, je suis souvent confronté à cette question : Qu’est-ce que l’âme ? Est-ce qu’on en a vraiment une ?
Et souvent, je raconte cette anecdote.

Peu de temps après mon arrivée en Suisse, des raisons personnelles m’obligèrent à faire régulièrement la navette entre Paris, Bulle et Mons, en Belgique. Parfois plusieurs nuits d’affilée.

Une nuit, vers deux heures du matin, épuisé et presque endormi, je m’arrêtai quelque part entre Pontarlier et Besançon. Je descendis de voiture pour marcher un peu, me réveiller, reprendre mes esprits.
En revenant vers ma Citroën, je vis ses deux petites lumières à l’avant. Et, quelques secondes plus tard, j’ai eu l’étrange impression qu’elle me regardait.
Dans ce regard, j’ai cru voir de la fatigue.

Depuis cette nuit-là, j’ai un slogan :
Si j’ai une âme, ma voiture en avait une aussi.
Et je suis très sérieux en disant cela. Qui pourrait me prouver le contraire ?

Cette voiture m’a accompagné. Pendant des nuits interminables. Au moins une fois sous une tempête de neige. Une nuit où le thermomètre ne dépassait pas les -14°C. Et quelques nuits de larmes.
Elle a été l’une des rares “personnes” à ne pas me laisser tomber.

Elle m’a rendu service fidèlement, jusqu’à ce que son odomètre affiche 300 000 kilomètres.
Et puis, elle a rendu l’âme.

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