Sous l’ombre noire d’une invasion

Je pensais ces derniers temps à écrire un texte pour dire ce que j’éprouverais si une force étrangère venait/revenait à attaquer mon premier pays, l’Iran.
Il fallait trouver des mots capables de traduire l’ombre noire qui s’abattrait alors sur nos terres.
Décrire ensuite l’émotion brute que je ressentirais en les voyant pénétrer dans mon pays.

Bien sûr, une agression ennemie ne provoque pas seulement un bouleversement intérieur : elle appelle aussi une réponse.
Dans un tel moment, je sais que je réagirais, et j’encouragerais mes compatriotes à se lever.
Je les inviterais à sortir de leurs zones de confort, à prendre les armes, à défendre la terre qui les a faits. Ça serait carrément un appel à aller les tuer, les crever.
Ils devraient saboter les plans de l’envahisseur, détruire ses structures, couper ses lignes, entraver tout ce qui porte son élan.

Aujourd’hui, j’ai trouvé un texte français qui exprime avec une intensité rare ce que je cherchais à formuler :

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
Ohé ! partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme !
Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes…
Montez de la mine, descendez des collines, camarades
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades…
Ohé ! les tueurs, à la balle ou au couteau tuez vite !
Ohé ! saboteur, attention à ton fardeau… dynamite !
C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères,
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère…
Il y a des pays où les gens au creux du lit font des rêves
Ici, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève…
Ici chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait quand il passe…
Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place.
Demain, du sang noir séchera au grand soleil sur les routes.
Sifflez compagnons, dans la nuit la liberté nous écoute…

La traduction de ce chant a un double intérêt.
D’abord parce qu’à ma connaissance, il n’existe pas chez les Iraniens de texte qui appelle avec une telle force à résister à l’ennemi.
Notre littérature est immense et splendide, mais elle possède peu d’écrits qui expriment avec cette intensité la colère dirigée contre l’agresseur en temps de guerre.

Ensuite, si jamais mes compatriotes français venaient un jour à m’accuser d’apologie de la haine, je pourrais simplement leur répondre :
commencez par balayer devant vos propres portes.

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